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Séminaire créativité: les jeux video avec Nicolas Gaume, ex PDG de Kalisto
Dans le cadre de son séminaire sur la créativité, l'Ecole de Paris avait invité mardi dernier 22 mars Nicolas Gaume, ancien fondateur et PDG de Kalisto, éditeur de jeux video. Souvenez-vous: enfant prodige de l'entrepreneuriat français, Kalisto avait connu un succès foudroyant après sa création en 1990. Nul n'étant prophète en son pays, la société effectuait l'essentiel de ses ventes aux Etats-Unis et au Japon. Au plus fort de son succès, en 1999, la société décide d'entrer en bourse pour financer un développement qui s'accélère (l'entreprise travaille avec les plus grands acteurs du domaine). La décision s'avérera fatale, puisqu'un tour de financement, prévu pour 2000, ne se fera jamais, explosion de la bulle Internet oblige. La société est liquidée en 2002.
Nicolas Gaume, qui intervient désormais comme conseiller auprès des acteurs de l'industrie, explique bien les spécificités du marché du jeu vidéo: un marché très volatile avec des produits à très courte durée de vie (semblable à la mode), une très forte technicité avec des technologies qui évoluent en permanence, combinée avec une création artistique essentielle à la réussite d'un jeu. Ce mariage de la technologie et de l'art dans un contexte économique entraîne des problématiques multi-culturelles à la fois passionnantes et évidemment complexes à gérer.
Mais en fait, ce n'est pas ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans la conférence. Nicolas Gaume a en effet donné un tour parfois très personnel à son témoignage en revenant sur son expérience dans Kalisto. Victime d'un lynchage médiatique hallucinant lorsque les difficultés sont apparues, présenté comme un opportuniste s'enrichissant alors que son entreprise faisait faillite, victimes de deuils familials au même moment (un malheur n'arrive jamais seul), Gaume est je pense la victime typique d'une attitude très française d'hostilité envers le risque en général, et envers l'entrepreneur en particulier. Nos concitoyens n'aiment pas la prise de risque, ils n'aiment pas ceux qui les prennent, et ils aiment encore moins l'échec. Pour quelle raison l'échec est-il si durement sanctionné dans notre pays? Pourquoi un chef d'entreprise qui fait faillite est-il forcément un salaud ? Nicolas Gaume fait d'ailleurs remarquer que si ses difficultés ont été très médiatisées, l'issue du procès qui lui fut fait - accusation de malversations - et qui le blanchit totalement, fut lui passé sous silence. Pour la petite histoire, il payait de sa poche les salaires vers la fin - persuadé qu'une issue favorable serait trouvée pour la société - et a terminé avec 2 millions d'euros de dettes. Pas mal pour quelqu'un qui "s'enrichit sur le dos de son entreprise". Malgré cette expérience douloureuse, la séance n'a tourné ni au réglement de compte, ni à l'aigreur, bien au contraire. L'un des participants a même remercié Nicolas Gaume d'avoir égayé sa journée!
Aux Etats-Unis, autres lieux, autres moeurs, les investisseurs n'aiment pas financer des entrepreneurs qui n'ont pas au moins connu deux échecs auparavant. Le raisonnement est simple: seul l'échec est source d'apprentissage et d'expérience, et après quelques échecs, l'entrepreneur sera mûr pour le succès. Quel contraste avec notre pays! Le projet de loi en cours sur les faillites marque un progrès dans ce domaine, puisqu'il déculpabilise l'entrepreneur - dès lors qu'il n'y a pas de malversation - mais il reste encore beaucoup à faire; ce sont les mentalités qu'il faut changer: développer le goût du risque, créer une culture de l'échec, source d'apprentissage dès lors que les risques ont été mesurés, et valoriser socialement l'effort et la prise de risque, beaucoup de travail en perspective.
Le séminaire "Créativité" est animé par Thomas Paris, du Centre de Recherche en Gestion de l'Ecole Polytechnique. L'Ecole de Paris publie les comptes-rendus détaillés de ses séminaires. Pour plus d'information: http://www.ecole.org
Posted by Philippe Silberzahn on mars 31, 2005 at 08:00 AM dans Actualité | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Un vrai investissement pour l'avenir: la reine d'Angleterre
Le Monde révèle, dans un article du 24 mars dernier, que la reine d'Angleterre, le prince Charles et un certain nombre de nobles propriétaires terriens sont parmi plus gros bénéficiaires des subventions versées par Bruxelles à la Grande-Bretagne au titre de la politique agricole commune (PAC). Au total, en 2003-2004, les fermiers et compagnies agricoles britanniques ont reçu environ 2,5 milliards d'euros de subventions. Cet argent a été distribué de manière très inégale. Il a, pour l'essentiel, arrondi les profits des grosses sociétés de l'agrobusiness et n'a guère bénéficié aux petits fermiers.
Depuis des années, la PAC consiste à subventionner les producteurs riches d'un secteur en déclin, dans une grande tradition française (le gouvernement français avait subventionné la marine à voile au siècle dernier pour l'aider à lutter contre la concurrence - déloyale, comme toute concurrence en France - de ... la marine à vapeur). Politique inégale, favorisant les riches sans même pouvoir se prévaloir d'un côté social en aidant les producteurs pauvres, facteur d'un maintient des prix des produits agricoles à un niveau élevé, source de gaspillages et de corruption, et maintenant soutien financier des têtes couronnées, propriétaires terriens dans le sens le plus médieval du terme, la PAC semble vraiment comme le corps débile d'une Europe qui a perdu la tête. Quand on sait que la recherche ne dispose pas des fonds nécessaires, que les créateurs d'entreprise peinent à trouver quelques sous, de telles pratiques décrédibilisent les institutions européennes. Est-ce ainsi que l'Europe prépare l'avenir?
L'article du Monde, pour plus de détails: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-630893@51-627461,0.html
Posted by Philippe Silberzahn on mars 30, 2005 at 08:00 AM dans Opinion | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Internet Explorer: le dilemme de Microsoft face à Firefox
Dans un post précédent, j'expliquais pourquoi je pense que Firefox n'a pas grand chance de réussir face à Internet Explorer. Je ne m'attarde pas sur les réactions hystériques de quelques intégristes qui par leur excès et leurs insultes déshonorent la cause qu'ils défendent. Malgré eux, et heureusement, un débat de fond passionnant a pu être engagé, mais la question reste entièrement posée. Pour résumer, mon raisonnement est que Firefox, malgré ses qualités, n'apporte par d'énormes avantages par rapport à Explorer. Il suffira donc à Microsoft, qui s'était clairement endormi sur ses lauriers, de se remettre au travail pour produire une version améliorée du produit pour que l'avantage de Firefox soit annulé. Hormis la démarche militante forcément limitée, que restera-t-il comme avantage à Firefox? Je concluais donc que, à mon grand regret, Firefox n'a guère de chance de réussir face à Explorer, sauf dans quelques niches.
Toutefois, Microsoft se trouve avec Explorer face à un dilemme intéressant, et l'avenir de Firefox pourrait bien dépendre de la façon dont la firme de Redmond le résoudra.
L'avenir d'Explorer peut en effet être vu de deux façons:
- ou bien Microsoft le considère comme un produit à part entière, auquel cas elle devrait décliner des versions d'Explorer pour les principales plates formes (Windows, Mac et Linux);
- ou bien Microsoft considère Explorer comme un produit au service de la plate forme Windows, auquel cas seule une version pour cette plate forme sera disponible.
On comprend dès lors le dilemme: dans le premier cas, Microsoft, sur la base prévisible d'une remise à niveau technique et ergonomique, reprend l'avantage sur Firefox et bénéficie de son approche multi-plate forme pour espérer (re)devenir l'outil universel. Si sur Linux, on peut douter de son succès, il n'en va pas de même sur Mac, bien qu'Apple ait développé son propre navigateur. Mais dans cette approche, Microsoft accepte de mettre Windows au second plan de sa stratégie, pour adopter une stratégie Internet Explorer propre, ce que l'entreprise s'est toujours refusée à faire.
Dans le second cas, Microsoft s'arc-boutte sur Windows au dépend d'Explorer. C'est d'ailleurs la position qu'a toujours défendue Microsoft, présentant Explorer comme une partie intégrale et indissociable de Windows, notamment lors du procès anti-trust. Dans ce cas, Microsoft laisse le champ libre aux concurrents sur les autres plates formes.
Ce débat n'est pas nouveau, il a même agité Microsoft durement entre 1997 et 2000, comme le raconte David Bank dans "Breaking Windows", voyant s'opposer les "durs" (défenseurs de Windows) et les "modérés", partisans d'une ouverture multi-plateforme conforme à l'esprit Internet. Finalement, ce sont les durs qui ont gagné, et les modérés se sont dispersés.
Toutefois, le débat reprend son intérêt avec l'offensive Firefox, et le choix stratégique se repose à Microsoft avec acuité. Lutter contre Firefox sur Windows ne sera pas très difficile, les utilisateurs de cette plate forme n'auront pas de difficulté à rester ou revenir sur Explorer dès lors qu'une version moderne aura été mise à disposition. La question est donc de savoir si Microsoft souhaite porter le combat sur les autres plates formes, où la situation est nettement moins favorable. J'ai tendance à pencher pour la première approche, la défense de Windows, car c'est ce que Microsoft a historiquement toujours fait, en qu'en plus j'imagine mal une version Linux d'Explorer. En seraient-ils capables? Il est intéresant de noter que la même question - le même dilemme - se pose pour la suite Office.
Un élément vient toutefois nuancer l'importance de ce choix : si, en 1997, le navigateur était vu comme un élément stratégique d'une plate forme, notamment suite à l'ambition de Netscape de remplacer l'interface graphique de l'ordinateur par celle du navigateur, il n'en est plus de même aujourd'hui. Le navigateur est redevenu une simple application - importante certes, mais une application quand même - et l'interface au niveau du système d'exploitation reste d'actualité. Est-ce donc si grave si l'on consulte le Web depuis Explorer ou depuis Firefox? Probablement pas, y compris du point de vue de Microsoft. Dès lors que son "coeur stratégique" (Windows) n'est plus menacé par le navigateur, celui-ci perd son importance. L'enjeu n'est donc plus ce qu'il a pu être il y a dix ans. C'est en ce sens aussi que l'espoir mis dans Firefox de faire vaciller Microsoft est peut-être illusoire. La bataille est épique, passionnante, et populaire, mais l'enjeu est faible.
Posted by Philippe Silberzahn on mars 29, 2005 at 08:00 AM dans Théorie | Permalink | Commentaires (4) | TrackBack
Dan Brown au Vatican
Non, rassurez-vous, l'auteur du Da Vinci Code ne s'est pas rendu au Vatican. Il a bien fait, il n'aurait sans doute pas été très bien reçu... Le Vatican, vous connaissez ? C'est le petit pays dont la radio a eu la bonne idée d'interviewer mi-mars le cardinal de Gênes, ancien haut responsable de l'orthodoxie doctrinale, lequel pêle-mêle, dans la même interview :
- a reconnu s'être "plaint des librairies catholiques, qui pour des motifs mercantiles ont des piles de ce livre" (le Da Vinci Code évidemment),
- a dénoncé une "stratégie de persuasion" qui veut que "l'on n'est pas un chrétien adulte si l'on ne lit pas ce livre",
- a interpellé les chrétiens sérieux : "ne lisez pas et n'achetez pas cet ouvrage"...
Moi, quand j'ai lu le Da Vinci Code pendant les vacances l'été dernier, je savais pas tout ça, sinon vous pensez bien...
C'est comme le 19 janvier 2005, quand la conférence épiscopale espagnole avait parlé "de la place du préservatif dans la prévention intégrale et globale du Sida" ; le Vatican les avait aidés à s'apercevoir qu'ils avaient dit un truc stupide. Du coup, ils avaient rectifié par un deuxième communiqué quelques heures plus tard, où ils écrivaient ; "Il n'est pas possible de conseiller l'usage du préservatif, contraire à la morale de l'individu". Tout était redevenu clair ; en 2005, on ne peut pas recommander le préservatif comme moyen de prévention du sida !...
Le Dan Brown dont je vais vous parler aujourd'hui a vendu moins de livres, mais il a osé se rendre dans un pays où il n'a pourtant jamais été traduit. Ce Dan Brown, c'est Gary Becker (prix Nobel d'Economie 1992), et le pays où il n'a jamais été traduit, c'est la France... Les Echos ont eu la bonne idée de l'interviewer à l'occasion d'une série de conférences donnée à L'American University of Paris.
La France, en matière économique, c'est un peu comme le Vatican ; on y défend des vérités contre-intuitives au premier abord, mais les évêques de l'économie (nos hommes politiques) et le Pape (Jacques Chirac) sont tous pour, alors...ça doit être vrai. Dire que Gary Becker a osé venir à Paris pour dire le contraire !
Par exemple, en France tous les évêques de la politique disent "Le système social français, c'est bien". Gary Becker dit : "Avec les taux d'imposition très élevés, le salaire minimum, les charges sociales, la générosité envers les chômeurs et les entraves sur le marché du travail, vous expliquez l'essentiel de l'écart entre le chômage américain et le chômage européen. En France, vous avez un smic supérieur de 70% à la moyenne des salaires minimum des autres pays développés ; cela a forcément un impact sur le marché du travail".
En France, la doctrine en matière d'innovation, c'est le rapport Beffa et quand Jacques Chirac s'exprime à Bruxelles (pas plus tard que le mercredi 23 mars) à propos de la stratégie de Lisbonne, c'est pour retenir "la nécessité de favoriser les grands projets industriels européens type Airbus et Ariane". Quand la France s'intéresse à la directive Bolkestein de libéralisation des services à l'intérieur de l'Europe, Jacques Chirac, toujours au sommet de Bruxelles du 23 mars, utilise la proximité du référendum français pour faire adopter un texte où les vingt-cinq pays membres insistent notamment sur "l'importance du rôle des services d'intérêt économique général" (c'est quand même mieux que "services publics" non ?). Intérrogé sur la même directive Bolkenstein (mais il aurait sans doute fait la même réponse à propos de l'approche française en matière d'innovation), Gary Becker dit : "La France a une tradition de fort interventionnisme de l'Etat dans l'économie. Mais les systèmes très régulés comme le votre profitent aux insiders, ceux qui sont dans le système, au détriment des outsiders, ceux qui sont en dehors... Je n'aime pas les systèmes élitistes comme le votre. Je préfère les systèmes plus ouverts". Il exagère, les systèmes ouverts c'est surement pas bien ; on aurait jamais connu J6M, ni Jean-Yves Haberer ! (et ça nous aurait manqué...)
C'est dommage, le journaliste des Echos (Jean-Marc Vittori), il a oublié d'interroger Gary Becker sur l'augmentation des salaire des fonctionnaires ; je suis sur qu'il aurait obtenu des propos légèrement décalés par rapport au consensus actuel (si Jacques Chirac pense que c'est une bonne chose, il a surement raison. Qui peut imaginer que ça puisse avoir un rapport avec le prochain référendum !?)
C'est quand même bien de vivre dans un pays où les hommes politiques savent ce qui est bon pour nous...
Gary Becker, sur le fond, c'est un peu comme Dan Brown ; je n'ai pas la qualification pour dire si ce qu'ils écrivent est vrai ou fantaisiste. Par contre, ce que j'entends du côté des églises officielles est tellement idiot qu'on finit par avoir envie de les croire.
Posted by Bernard Buisson on mars 25, 2005 at 07:45 AM dans Opinion | Permalink | Commentaires (2) | TrackBack
Conférence des mardis de l'innovation au CNAM: télévision numérique / Eutelsat
Mardi 29 mars 2005 - L' innovation dans la télévision par numérique : Eutelsat
Premier opérateur de satellites en Europe, Eutelsat est un pionnier de la diffusion vidéo numérique trans-frontière
et créateur du concept de position "Hot Bird". Eutelsat, qui diffuse plus de 1500 chaînes de télévision et 800 stations de radio vers 137 millions de foyers, est au coeur de la révolution internationale de la télévision numérique.
Intervenant : Mr Guliano Beretta, Chairman and CEO d’Eutelsat
Introduction Pacôme Revillon
Plus d'info: http://www.innovation-cnam.org/
Posted by Philippe Silberzahn on mars 24, 2005 at 08:07 AM dans Actualité | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Innovations de rupture : il n'y a pas de fatalité
Ce post-là, on a failli demander à un invité de l'écrire, et puis finalement on s'est dit qu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même... On se permet donc de vous signaler dans le dernier numéro de l'Expansion Management Review (n°116 daté mars 2005) l'article intitulé "Innovations de rupture : il n'y a pas de fatalité", co-écrit par ... nous-mêmes. On vous livre le résumé : "Les entreprises établies ont du mal à s'aventurer dans les zones d'invertitude où se jouent les ruptures, qu'elles soient d'ordre technologique, économique ou d'usage, qui menacent leur marché. Non par manque d'innovation, mais par difficulté à identifier les ruptures pertinentes et par tendance à favoriser les améliorations incrémentales et les réflexes de gestionnaire. Aborder ces évolutions imprévisibles avec confiance n'est pas impossible, mais demande d'agir avec méthode, en partant des besoins fondamentaux des clients."
Les articles de l'Expansion Management Review ne sont malheureusement pas disponibles sur internet.
Posted by Bernard Buisson on mars 23, 2005 at 08:00 AM | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack
Fabriquer le futur: entretien avec Eric Seuillet
Nous avons rencontré Eric Seuillet, auteur de "Fabriquer le futur", avec Pierre Musso et Laurent Ponthou.
IT: Qui êtes-vous ?
ES: J'ai créé et j'anime E-Mergences : il s'agit d'une société de conseil en prospective appliquée, dont l'originalité est de fonctionner en réseau. La vocation d'E-Mergences est définie dans son slogan "La Fabrique du futur": il s'agit d'aider les entreprises à imaginer et créer les produits et services de demain. Grâce aux ressources de notre réseau, nous sommes capables de "coacher" nos clients en apportant méthode, cohérence et expertise tout au long du processus complexe qui est celui de l'innovation de rupture.
IT: Quel est le propos du livre ?
ES: Le propos de base du livre est résumé dans son titre et dans son sous-titre : "Fabriquer le futur" renvoie à l'idée que l'innovation est un processus volontariste. Plutôt que de subir les contingences de court terme de la technologie et du marketing, les entreprises devraient beaucoup plus se projeter dans l'avenir. Et celui-ci loin d'être écrit d'avance peut largement se rêver et s'imaginer!
"L'imaginaire au service de l'innovation" indique justement que la vraie innovation ne sort plus seulement de démarches rationnelles, mais qu'il faut hybrider celles-ci avec des démarches beaucoup plus "cerveau droit", en un mot réhabiliter l'imagination, le rêve, l'intuition, la sensibilité pour mieux innover.
IT: Quelle est la problématique évoquée ?
ES: La problématique centrale est de remettre le client au cœur du processus d'innovation. Notons au passage que le client n'est pas qu'un consommateur… C'est là que cette notion d'imaginaire est capitale pour appréhender le client dans toutes ses dimensions humaines, capter ses désirs et déceler ses frustrations.
IT: Les solutions apportées ?
ES: L'innovation de rupture est un jeu subtil pour les entreprises car elle nécessite stratégie, moyens (toujours plus importants) et un bon "time to market"… car les erreurs coûtent cher. D'où la nécessité d'être proactif plutôt que simplement réactif. C'est dans ses conditions que les entreprises pourront prendre une longueur d'avance. Pour comprendre le fonctionnement des entreprises les plus performantes en matière d'innovation, nous avons mené une vaste enquête en prélude à la rédaction de notre livre. Nous sommes ainsi allés à la rencontre de près d'une centaine d'acteurs ou penseurs de l'innovation : managers, experts, chercheurs, consultants. Notre constat : s'il n'y a pas de solution toute faite, des voies sont prometteuses. On peut les résumer par quelques mots clés : développer la connaissance " intime " des clients par l'appréhension de leurs valeurs, de leurs styles de vie, et l'observation fine de leurs comportements. Cela signifie notamment le développement des sciences humaines en entreprise (sociologie, anthropologie, ethnologie, ergonomie) - montée en puissance des créatifs dans les processus de conception (fort développement de la fonction design) - réhabilitation de la prospective (au delà des simples tendances de court terme et des épiphénomènes de mode) - implication accrue de l'entreprise dans la société (notion de responsabilité sociale, d'entreprise citoyenne, dé développement durable), et donc ouverture sur l'extérieur - interdisciplinarité et transversalité.
IT: Quelques anecdotes par rapport au livre ou au sujet ?
ES: J'ai mentionné que les entreprises recouraient de plus en plus aux sciences humaines pour renouveler leurs approches, principalement en marketing. Mais moins connu est l'appel aux artistes ou auteurs de science-fiction pour nourrir l'innovation. Qui sait par exemple que l'Agence Spatiale Européenne favorise des rencontres entre des auteurs de science-fiction et des chercheurs pour challenger ces derniers et stimuler leur imagination ?
Plus d'info sur le livre: http://www.e-mergences.net/Livre.html
Posted by Philippe Silberzahn on mars 22, 2005 at 08:00 AM dans Entretien | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack
"Il n'y a rien à partager"
A l'heure où les 57 milliards de profit des sociétés du CAC 40 réveillent des raisonnements primaires sur le thème du "partage des fruits de la croissance", Pascal Salin, professeur à l'Université de Paris-Dauphine, rappelle opportunément dans le Figaro du 19 mars que "la seule cause durable d'augmentation des salaires ne peut provenir que des innovations, ce qui inclut d'ailleurs aussi bien les innovations institutionnelles que les innovations d'ordre purement technologiques. Tout le reste, et en particulier les prétendus efforts en vue d'effectuer une répartition "juste" des revenus, n'est qu'illusion et démagogie".
L'article complet de Pascal Salin est consultable pendant un jour ou deux sur le site du Figaro :
www.lefigaro.fr/debats/20050319.FIG0116.html
Posted by Bernard Buisson on mars 21, 2005 at 08:00 AM | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Quand l'Europe se penche sur l'innovation industrielle
L'association Confrontations Europe (le thinktank présidé par Philippe Herzog, ancien député européen) a réuni les 17 et 18 février derniers près de 400 personnes à Bruxelles. Après le rapport Beffa en faveur de la création d'une Agence pour l'Innovation Industrielle, les discussions Medef-Confindustria en faveur d'une agence européenne de l'innovation, le sujet est brulant. Et les débats organisés par Confrontations Europe, notamment la dernière table ronde à laquelle participaient Jean-Louis Beffa et Lord Simon of Highbury, montrent bien les deux points de vue extrêmes qui existent aujourd'hui en Europe. On connait le point de vue du premier, objet de nombreux débats en France. Pour le second (Lord Simon of Highbury est ancien président du patronat anglais et ancien ministre), il n'est en effet pas question en Grande-Bretagne de la moindre intervention de l'Etat sur les choix du secteur privé en matière d'innovation. Mario Monti, ancien commissaire européen à la concurrence, s'est montré plus favorable à l'action publique, mais à condition bien sur de ne pas remettre en cause les règles de la concurrence.
En résumé, si presque tout le monde semble s'accorder pour dire qu'il faut une meilleure coordination des efforts public-privé en matière de recherche et d'innovation, il faut bien constater que sur la question des modalités chacun a son avis.
Le communiqué de Confrontations Europe consécutif aux journées des 17 et 18 février : www.confrontations.org/communique.php. Les travaux seront plus largement repris dans la lettre de Confrontations Europe n°70 (avril-juin 2005).
Posted by Bernard Buisson on mars 18, 2005 at 08:00 AM dans Actualité | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Conférence des mardis de l'innovation au CNAM: 15 ans d'Internet, bilan et perspective
Mardi 22 mars 2005 - Bilan de 15 ans d'innovation Internet et perspectives à l'horizon 2020
Innovation phare des NTIC, l’Internet a déjà profondément modifié les modes de travail et le fonctionnement de nombreux secteurs. Son impact devrait s’accélérer dans les années à venir avec des changements encore plus radicaux dans des applications et secteurs encore peu touchés.
Intervenant : Daniel Kaplan, secrétaire général de la Fondation Internet Nouvelle Génération
Introduction : Marc Giget
Pour ceux qui le connaissent, Daniel est un expert du monde Internet et de ses nouveaux usages. La conférence devrait être passionnante. La FING (fing ) mène un gros travail de recherche sur l'innovation dans le domaine Internet, centrée sur les usages de ce nouveau média.
Posted by Philippe Silberzahn on mars 17, 2005 at 07:00 AM dans Actualité | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack